Gérault Verny, le député fantôme de l’UDR ?
Un député devenu invisible
Gérault Verny, Député de la 14ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône
Il avait fait une percée surprise lors des élections législatives de juillet 2024, porté par la vague de l’union des droites, candidat sur une ligne identitaire et autoritaire, élu grâce au maintien de l'ex-député macroniste Anne-Laurence Petel.
Depuis, Gérault Verny, élu dans la 14ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône sous l’étiquette UDR (Union des Droites pour la République), s’est peu à peu effacé. Et ce silence interroge.
Dans les coulisses de l’alliance RN‑UDR, certains parlent carrément d’un repli volontaire, sur fond de tensions internes.
Depuis que Jean-Louis Geiger, plus consensuel, a été mis en avant par les états-majors nationaux du RN et UDR, Verny aurait décroché.
Depuis, Gérault Verny, élu dans la 14ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône sous l’étiquette UDR (Union des Droites pour la République), s’est peu à peu effacé. Et ce silence interroge.
Dans les coulisses de l’alliance RN‑UDR, certains parlent carrément d’un repli volontaire, sur fond de tensions internes.
Depuis que Jean-Louis Geiger, plus consensuel, a été mis en avant par les états-majors nationaux du RN et UDR, Verny aurait décroché.
« Il a séché plusieurs réunions importantes, il ne répond plus aux invitations, même aux siennes », déplore un cadre local de l’UDR. « Il nous a posé plusieurs lapins. »
La Provence... snobée
La presse locale, elle aussi, a fait les frais de ce mutisme. La Provence aurait tenté à plusieurs reprises d’obtenir une interview du député. En vain.
Deux rendez-vous ont été annulés à la dernière minute, sans explication, un troisième n’a jamais été honoré.
Notre rédaction a tenté à plusieurs reprises de le contacter, mais n'a obtenu pour seule réponse qu'un silence.
Une communication verrouillée… via Frontières
S’il boude les journalistes locaux, Gérault Verny soigne en revanche sa communication via un autre canal : le média Frontières, proche de la droite identitaire. Il y est apparu en octobre dernier dans une vidéo tournée au centre de rétention du Canet, à Marseille. Visage découvert, ton martial, il dénonçait la « complaisance migratoire » de l’État, filmant des migrants en grève de la faim.
La séquence avait déclenché une vague de critiques, jusque dans les rangs modérés de l’UDR. Mais Verny assumait pleinement : pour lui, Frontières est le seul média « libre et patriote ».
La séquence avait déclenché une vague de critiques, jusque dans les rangs modérés de l’UDR. Mais Verny assumait pleinement : pour lui, Frontières est le seul média « libre et patriote ».
Ravier, nouvel allié politique
Début juillet, nouvelle apparition surprise : cette fois aux côtés de Stéphane Ravier, ex-RN, ex-Reconquête, figure de l’ultradroite marseillaise. Une photo postée sur Instagram les montre côte à côte, souriants, échangeant sur « l’avenir du nationalisme populaire ».
Un rapprochement qui fait grincer des dents dans son camp.
Un rapprochement qui fait grincer des dents dans son camp.
« Ravier est persona non grata dans certains cercles. S’afficher avec lui, c’est envoyer un signal de rupture », analyse un élu RN.
Une stratégie du silence... ou un isolement subi ?
Officiellement, rien n’indique que Gérault Verny ait quitté ses fonctions. À l’Assemblée nationale, ses interventions sont rares, ses propositions de loi inexistantes. Localement, ses absences sont désormais remarquées et commentées. Certains y voient une recomposition stratégique, un repli en vue d’un retour par la droite de la droite. D’autres évoquent un élu désavoué, qui n’assume plus son mandat.
Dans les deux cas, la figure politique que Verny incarnait il y a un an s’est largement estompée. À moins d’un coup d’éclat ou d’un retour surprise, le député risque de finir son mandat dans l’indifférence… ou la disgrâce.
Dans les deux cas, la figure politique que Verny incarnait il y a un an s’est largement estompée. À moins d’un coup d’éclat ou d’un retour surprise, le député risque de finir son mandat dans l’indifférence… ou la disgrâce.
Gérault Verny : trajectoire d’un radical discret
- Âge : 49 ans
- Profession : Industriel, dirigeant de Mont Blanc Composite
- Formation : Ancien cadre de l’ISSEP (Institut de sciences sociales, économiques et politiques) fondé par Marion Maréchal
- Élu : Député AD/UDR des Bouches-du-Rhône en juillet 2024
- Réseaux : Proche de Charles Millon, soutien du média identitaire Frontières
- Ligne politique : Souverainiste, identitaire, eurosceptique
- Polémiques : Vidéo controversée au CRA de Marseille, absentéisme médiatique, proximité avec Stéphane Ravier
Frontières, la vitrine de l’ultradroite
Créé en 2023, Frontières est un média en ligne se revendiquant « patriote, souverainiste et enraciné ». Financée par un réseau d’entrepreneurs identitaires, dont le député Gérault Verny serait l’un des soutiens discrets, la plateforme s’est rapidement imposée comme le porte-voix de la droite radicale.
- Ligne éditoriale : antimigrants, anti-Union européenne, anti-LGBTQ+, pro-référendum, défense des « racines chrétiennes » de la France.
- Ton : offensif, émotionnel, souvent polémique. Largement inspiré des formats américains type Breitbart ou Project Veritas.
- Public cible : jeunes militants de droite, sympathisants RN/Requonquête, abstentionnistes radicalisés.
- Stratégie : vidéos choc, formats courts, infiltration de manifestations, et témoignages non vérifiés.
- Audience : estimée à 2 à 3 millions de vues mensuelles cumulées sur TikTok, Instagram et Telegram.
- Proximité politique : liens directs avec l’ISSEP, le collectif Les Natifs, Stéphane Ravier, Marion Maréchal et plusieurs figures identitaires.
En octobre 2024, Frontières avait notamment diffusé en exclusivité la vidéo de Gérault Verny au centre de rétention du Canet (Marseille), relançant le débat sur les dérives médiatiques dans les institutions publiques.
Éditorial
